Valérie Mausner Leger

Valérie Mausner Leger

Engagement local dans un désordre mondial

Quand je dis à des inconnus : « Je vis à Nyon, en Suisse, sur la Côte. De ma chambre, je vois le lac. La réaction est : « Quelle chance vous avez !».

Dans leur grande majorité, les Nyonnais ont cette chance ; au-delà du paysage somptueux, ils ont sécurité, liberté, santé, éducation, culture et prospérité.

Cette chance, ces privilèges nous « obligent ». Il est si simple d’oublier que des millions se précipitent sur les chemins fuyant la misère et la terreur pour trouver un coin de sécurité, un toit et de quoi vivre.

Certains d’entre nous, de bonne foi, pensent qu’au motif parce qu’ils ne balancent pas de bombe, qu’ils ne corrompent pas les élites qu’ils ne prêchent pas la haine « là-bas », ils sont non coupables.

Du coup, ils seraient donc non responsables et donc non concernés.

La réalité est autre. Drogués à l’énergie fossile, nous contribuons au réchauffement climatique. Consommateurs compulsifs, nous achetons sans arrêt des objets qui ont fait le tour de la planète, ont pompé les ressources.

Les Nigérians ne profitent pas de leur pétrole, les Congolais ne profitent pas de leur or, les Indonésiens ne profitent pas de leur cuivre.

En revanche, l’exploitation de ces matières premières empoisonnent le sol de l’agriculteur et l’eau du pêcheur. Et c’est bien là des raisons suffisantes de migrer.

A Nyon, il ne s’agit pas d’accueillir « Toute la misère du monde » mais seulement notre part, celle que nos gouvernants, démocratiquement élus, nous ont attribué : 180 personnes.

C’est trop pour certains, c’est une goutte d’eau pour d’autres.

180 personnes, c’est notre part. Le chiffre manque de poésie. C’est notre quota administratif. Notre rôle sera de faire en sorte que l’espoir du migrant devienne une chance pour notre société.

Au-delà de l’immense solitude qu’il pourrait éprouver, il lui sera nécessaire de s’intégrer à notre culture : apprendre la langue, le comportement en société, les modes de vie, le tri sélectif. Il devra apprendre tant de nouvelles choses.

180 personnes, c’est notre quote-part pour devenir collectivement être des « justes » selon l’Evangile de Saint Mathieu.

Ainsi, nous pourrons « donner à manger à celui qui avait faim, à boire à celui qui avait soif, et accueillir celui qui était un étranger ».

Valérie Mausner Leger

 

Leave a Reply

Your email address will not be published.